L’intelligence artificielle en ébullition : entre génies, règlements et secousses globales

Carte du monde en flammes symbolisant l’intelligence artificielle en ébullition, avec les écrans d’OpenAI Sora 2, Anthropic Claude 4.5 et la régulation mondiale représentée par un marteau de justice.

L’automne 2025 n’a rien de calme. Entre les percées spectaculaires d’OpenAI, les contre-attaques de Google, les innovations d’Anthropic et la montée des régulations, le monde de l’IA ressemble à une arène survoltée où les géants s’affrontent à coups de modèles toujours plus puissants.

Et comme toujours, l’IA agit comme un marteau : elle peut créer, réparer… ou frapper, selon la main qui la tient.

Sora 2, Veo 3.1 et la guerre de la vidéo générative

OpenAI garde une longueur d’avance avec Sora 2, son IA générative de vidéos. Le modèle ne se contente plus d’imiter : il comprend littéralement la physique du monde. Reflets, gravité, vapeur, brume… tout semble tangible.

Résultat : des vidéos à s’y méprendre, et une inquiétude croissante sur la frontière entre création et manipulation.

Face à la polémique des deepfakes, OpenAI a imposé des restrictions : interdiction d’utiliser des visages de célébrités ou de figures publiques. Une mesure nécessaire dans un monde où même le vrai commence à paraître suspect.

De son côté, Google réplique avec Veo 3.1, une version améliorée de son modèle vidéo. L’atout principal : la possibilité de générer une séquence à partir d’une image de référence — un avantage que Sora n’offre pas encore.

Mais sur la compréhension du monde physique, Veo a encore du retard. Pour faire simple : Sora marche, Veo trébuche encore un peu sur le verglas numérique.

Pendant ce temps, les alternatives open source se multiplient. LTX 2 permet de générer des vidéos sur un PC gamer, et Ultra Generative AI devient le premier modèle capable de produire nativement des vidéos 4K à partir d’un simple prompt textuel.
L’ère de la création vidéo sans caméra est définitivement lancée.

Anthropic, Google et la montée des agents

Le 13 octobre, Anthropic a lancé Claude Haiku 4.5, un modèle qualifié “d’anomalie stratégique” : deux fois plus rapide qu’un modèle premium et trois fois moins cher. Grâce à son “raisonnement étendu”, Haiku 4.5 s’impose comme le meilleur rapport performance-prix du marché.

Son grand frère, Claude Sonny 4.5, devient le nouveau champion du code. Il peut travailler jusqu’à vingt heures d’affilée sur des tâches complexes — sans café, ni week-end.

Anthropic va plus loin avec Claude Code, désormais accessible depuis un simple navigateur. Et grâce aux nouvelles “compétences” (skills), les utilisateurs peuvent enseigner à leur IA des savoirs spécialisés : un pas de plus vers la personnalisation totale.

Chez Google, le modèle Gemini 2.5 “computer use” marque une étape historique. Il peut désormais prendre le contrôle de la souris et du clavier pour interagir avec les applications à partir d’une simple capture d’écran. Autrement dit, Gemini ne vous aide plus à travailler : il travaille à votre place.

Les fuites autour de Gemini 3.0, attendu pour la fin octobre, annoncent une IA multimodale complète, intégrant texte, image, vidéo, 3D et données géospatiales.
Et Google a déjà branché Gemini à Google Maps pour exploiter la géolocalisation en temps réel. De quoi rendre l’assistant omniscient… et un peu intrusif.

Atlas, Comet et la bataille du web

Le 22 octobre, OpenAI a frappé fort avec ChatGPT Atlas, un navigateur doté d’une IA agentique. Atlas lit, résume, traduit, remplit des formulaires et peut même effectuer des achats en ligne.


Un outil prodigieux — ou une main invisible sur votre clavier, selon votre niveau de paranoïa.

Pendant ce temps, Perplexity démocratise son navigateur Comet, capable de comparer des prix ou d’exécuter des commandes à la voix. L’outil fascine, mais fait aussi frémir les experts en cybersécurité : un “Comet-jacking” pourrait permettre à un site malveillant de détourner le navigateur pour effectuer des actions non désirées.

Chez Google, l’intégration de l’IA dans le moteur de recherche s’accélère. L’AI mode, activé par défaut, fournit des AI overviews — des réponses synthétiques générées par Gemini avant les liens traditionnels.


Résultat : une chute du trafic humain sur Wikipédia (-10 % en six mois), et des procès intentés par des médias italiens et Reddit pour “pillage algorithmique de contenu”.
Le web s’autodévore : les IA consomment les données… qu’elles ont elles-mêmes générées.

Industrie, investissements et équilibres fragiles

Le FMI tire la sonnette d’alarme : la bulle de l’IA pourrait éclater. La dépendance mondiale aux GPU Nvidia et aux terres rares chinoises fait peser un risque systémique sur l’économie numérique.

Pendant ce temps, OpenAI signe un partenariat avec AMD pour ses puces MI 450, et avec Broadcom pour concevoir ses propres processeurs.
Nvidia, elle, continue d’inonder le marché avec le DGX Spark, un mini-PC d’inférence à 3 500 francs suisses, rendant l’IA locale accessible aux entreprises et aux créateurs.
Quant à Oracle, elle annonce un supercluster de 50 000 GPU d’ici 2026. On ne parle plus de data centers, mais de véritables cathédrales de calcul.

Emploi, robotique et fractures sociales

Sam Altman a déclaré que 40 % des tâches professionnelles seraient remplacées “à court terme” par l’IA. Un constat brutal, mais lucide.

Lufthansa supprime 4 000 postes administratifs pour les remplacer par des processus automatisés, tout en promettant autant de recrutements dans les métiers opérationnels.
Amazon prévoit d’éviter 600 000 embauches logistiques dans les dix prochaines années grâce à la robotique.

Sur le front de la robotique, Figure 03 impressionne : il manipule des objets fragiles avec précision et apprend de ses erreurs en temps réel. Nvidia Newton, plateforme open source de simulation robotique, devient la norme pour l’entraînement virtuel des humanoïdes. Mais la faille Unipone, exploitant la communication Bluetooth des robots Unitree, rappelle que même les machines peuvent être corrompues. Oui, les virus ont trouvé un nouveau corps à infecter.

Lois et régulations : quand les États tentent de suivre

Aux États-Unis, la loi californienne SB243 entre en vigueur en janvier 2026.
Elle impose d’indiquer clairement lorsqu’un utilisateur parle à une IA, et rend les entreprises responsables si leur modèle encourage des comportements nuisibles ou propage de fausses informations.
En somme : fini l’excuse du “c’est l’IA qui a dit”.

En France, la régulation s’intensifie :

  • Le décret 2025-980 prolonge la conservation des données de connexion pendant un an, au nom de la sécurité nationale.
  • Le projet de loi visant à quintupler la taxe numérique sur les géants américains (de 3 % à 15 %) franchit la commission.
  • Et une ministre de l’Intelligence artificielle et du numérique, Anne Leanf, a été nommée. Elle incarne une approche plus pragmatique, cherchant à réguler sans étouffer.
  • Enfin, 10 000 agents de la fonction publique testent actuellement le modèle Mistral, hébergé sur un cloud souverain. Une belle initiative, ralentie — comme souvent — par l’administration elle-même.

Conclusion : l’équilibre entre puissance et prudence

Octobre 2025 marque une accélération sans précédent.

L’IA s’infiltre partout : dans nos outils, nos métiers, nos lois. Elle façonne notre monde à une vitesse que nos institutions peinent à suivre. 

Mais il ne faut pas s’y tromper : L’IA n’est pas une menace, c’est un feu. Entre de bonnes mains, il éclaire, réchauffe et rassemble. Entre de mauvaises, il brûle, consume et aveugle. 

À nous de décider si nous voulons bâtir une civilisation… ou jouer avec les braises.

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